Dinan, une cité médiévale bretonne

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Crédit : Art’Dinan

La vieille ville de Dinan attire aujourd’hui de nombreux touristes français et étrangers en raison de son charme médiéval breton, qui est resté presque intact depuis le Moyen-Age et les temps modernes. En effet, à partir de sa fondation au XIème siècle jusqu’à la Révolution Française, Dinan est le théâtre de rapports de pouvoir concurrents qui ont contribué à transformer l’identité urbaine de la ville. Plus qu’un exemple d’urbanisme traditionnel en Bretagne, elle constitue également un cas d’étude de la ville médiévale en Occident.

A sa fondation, une cité marchande

Crédit : Alexandre Lamoureux

A sa fondation au XIème siècle, la ville de Dinan n’est pas un lieu de production de richesses agricoles ou artisanales, mais de transactions marchandes. En effet, elle bénéficie d’une position stratégique au carrefour des routes fluviales, maritimes et terrestres de Bretagne, qui lui assure un début de prospérité économique. D’une part, le « vieux pont » constitue le dernier point de passage terrestre avant l’embouchure du fleuve Rance et lui rapporte donc des droits de péage. D’autre part, son port de commerce se situe au point de rupture entre la Rance fluviale et la Rance maritime et lui sert donc à contrôler le transport de marchandises jusqu’au port de Saint-Malo. Il lui permet également de nouer des relations commerciales avec plusieurs pays étrangers d’Europe du Nord, en particulier l’Angleterre et les Flandres, puis l’Espagne et les colonies d’Amérique. Pour poursuivre son essor à l’échelle occidentale, Dinan entretient également des relations de dépendance économique vis-à-vis de son « hinterland » à l’échelle locale, qui lui fournit les ressources nécessaires à sa survie. Au début du XIVème siècle, le « champ aux chevaux » (aujourd’hui les places du Champ et du Guesclin) accueille de grands marchés qui sont la preuve des nombreux échanges entre la ville et son hinterland.

Crédit : Alexandre Lamoureux

Un centre pour plusieurs ordres religieux

Crédit : Alexandre Lamoureux

Au début du Moyen-Age, le développement économique et la croissance démographique de la ville de Dinan conduisent à la création de plusieurs paroisses avec une première église Saint-Malo au milieu du XIème siècle, puis la basilique Saint-Sauveur au début du XIIème siècle. Au milieu du XVème siècle, ces deux églises subissent d’importants travaux de reconstruction, dont l’abandon de la première et la reconstruction d’une seconde église Saint-Malo à l’intérieur des remparts. Entre le XIIIème et le XVIIème siècle, l’essor de la ville entraîne également la construction de nombreux couvents qui appartiennent à plusieurs ordres religieux. Ainsi, l’ordre des Franciscains construit le Couvent des Cordeliers, qui est l’un des monuments religieux les plus importants de la ville. A la veille de la Révolution Française, le clergé possède près d’un tiers du foncier de Dinan. Cette abondance d’architecture religieuse au sein de la ville témoigne de l’influence du clergé sur la Bretagne catholique. A cette époque, Dinan prend la forme telle qu’elle est connue aujourd’hui : le tissu urbain se densifie autour de ces édifices religieux au détriment des espaces publics qui se limitent alors à des rues étroites. La majorité des bâtiments du centre historique utilise le granit gris, qui est un matériau de construction local et traditionnel en Bretagne, mais également une pierre humide et sombre. Ce manque d’espace et cette utilisation du granit sont d’ailleurs les facteurs de l’insalubrité de la ville au XVIIIème siècle.

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Crédit : Alexandre Lamoureux

Une place-forte pour les ducs de Bretagne

Crédit : Alexandre Lamoureux

L’essor de la ville de Dinan attire la convoitise des Ducs de Bretagne qui l’acquièrent au milieu du XIIIème siècle au mépris des droits de son seigneur. La ville s’entoure alors d’une ceinture urbaine de remparts de plus de trois kilomètres de long en granit gris, qui marque une rupture entre le « fait urbain » et la campagne environnante. Cette architecture militaire traduit le sentiment d’insécurité qui règne au sein de la ville à une époque où la Bretagne constitue un duché indépendant du royaume de France et convoité par la couronne d’Angleterre. Malgré les tentatives d’invasions étrangères, cette ville-forôeresse poursuit ses affaires commerciales grâce à la percée de quatre portes : la Porte du Jerzual, de Saint-Malo, de Brest, du Guichet, puis de Saint-Louis au XVIIème siècle. Cependant, elle renforce également ses fortifications par un donjon au XIVème siècle, puis par des tours d’artilleries au XVème siècle jusqu’à en compter dix : la Tour Beaumanoir, Vaucouleurs, Saint-Julien, Beaufort, du Connétable, de Coëtquen, Penthièvre, Longue et Sainte-Catherine. Ainsi, Dinan devient une place-forte dans la défense militaire du nord-est de la Bretagne. Au XIVème siècle, la construction du Château de la Duchesse Anne confirme l’appropriation de Dinan par les Ducs de Bretagne, ainsi que la démonstration de leur autorité sur la ville et de leur puissance dans la région.

Crédit : Alexandre Lamoureux

Un contre-pouvoir bourgeois

Crédit : Alexandre Lamoureux

Jusqu’au XVIIème siècle, l’essor de la ville de Dinan s’accompagne de la montée en puissance d’une bourgeoisie locale qui y réside et s’engage en politique. Celle-ci se manifeste par la construction de bâtiments publics qui accueillent les réunions municipales. Au XVème siècle, la construction du beffroi ou de la Tour de l’Horloge, qui devient le point culminant de la ville au-delà des clochers du clergé et du donjon des ducs, montre l’émergence progressive d’un contre-pouvoir municipal face aux pouvoirs clérical et ducal. D’une part après la Révolution Française, les couvents du clergé sont confisqués par la ville, puis convertis en manufactures pour permettre le développement d’un artisanat à l’intérieur des remparts, en particulier des tisserais qui produisent les toiles des voiles de navires bretons. D’autre part à la fin du XVIIIème siècle, les remparts des Ducs de Bretagne ont perdu leur usage défensif et ne sont plus entretenus. Dans la mesure où Dinan n’arrive pas à contenir sa croissance démographique à l’intérieur, une partie des murailles inutiles et des faubourgs adjacents est démantelée pour dégager un glacis et construire le « Grand-Chemin » au sud de la ville. Au-delà de l’expansion urbaine, la bourgeoisie locale et la noblesse bretonne construisent des maisons en pan de bois à encorbellement, à porches ou à vitrines dans le centre historique, en particulier la rue du Jerzual entre le port et la ville haute, qui se distinguent des bâtiments en granit gris. Elles sont délaissées au profit de la construction d’hôtels particuliers de pierre entre le XVIème et le XVIIIème siècle.

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Crédit : Alexandre Lamoureux

En conclusion, la vieille ville de Dinan est à la fois un exemple d’urbanisme traditionnel en Bretagne et un cas d’étude de la ville médiévale en Occident. Les rapports de pouvoir concurrents à l’œuvre au cours du Moyen-Age et des temps modernes ont pour conséquence une utilisation des ressources locales et une absence de visée prospective, qui contribuent au charme de la ville aujourd’hui.

Crédit : Alexandre Lamoureux

Bibliographie :

http://www.dinan.fr/34/histoire-dinan

Dinan, l’incontournable cité médiévale de Bretagne

https://www.cotesdarmor.com/Decouvrir/Les-sites-incontournables/Dinan

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