Un vaste chantier a été lancé, début mars 2019, à Saint Denis. En effet, la tour Pleyel n’est plus la seule à s’élever vers le ciel aux abords des chemins de fers : de nombreuses grues ont pris d’assaut les alentours, à l’emplacement de la future gare Pleyel, prévue pour 2024. La Société du Grand Paris est chargée de ce projet gargantuesque, au côté de Eiffages et de ses entreprises partenaires. Il s’agit du plus gros marché BTP en France, d’une grande complexité faisant d’ores et déjà craindre d’éventuels retards de livraison, comme à la Défense. Comparable à terme aux gares de Châtelet-les-Halles ou de la Défense, comment ce projet ambitieux de gare se propose-t-il d’être également porteur du dynamisme de son quartier, en lien avec le projet de franchissement Pleyel ?
Gare Pleyel, un pôle multimodal moteur pour son territoire

« Sur ce nouvel espace de gare conçu comme une colline, dont les terrasses en pente douce seront surplombées d’arbres et de verdures, j’ai voulu faire un lien entre elle et le sol de Seine-Saint-Denis. ».
Extrait d’un discours de Kengo Kuma — Batiactu
Située sur le territoire de Saint-Denis, la future gare Pleyel est une des gares emblématiques du Grand Paris Express. Au cœur d’un quartier industriel en mutation, elle sera le moteur du territoire. Avec un flux de 250 000 voyageurs visés par jour, il s’agit d’un projet à grande échelle pour Plaine commune.
Le concepteur derrière ce projet est l’architecte japonais Kengo Kuma. Figure phare de la scène architecturale japonaise et internationale, son travail est caractérisé par ses recherches portées dans le dialogue et la confrontation entre la nature et le construit — ses projets Water/glass, Atami préfecture de Shizuoka (1995) ou Great Bamboo Wall, village Soho, Chine du Nord (2001-2003) l’atteste —. Son objectif, par ce projet à Saint Denis, est de créer un nœud de rencontre dans le quartier Pleyel. En effet, le quartier dans lequel se niche le projet bénéficie d’un grand nombre d’activités et de populations différentes qui l’animent. Ainsi, Kengo Kuma souhaite proposer un lieu qui constitue le centre de ces activités et qui permettrait de faire échanger ces personnes qui viennent de tous les horizons. Pour cela, le projet de gare est généré par l’idée d’une spirale « rassemblant à la fois les gens, les activités et l’énergie de la foule ». Nichée sous terre, la gare se construit autour d’un grand vide, permettant à la lumière naturelle d’éclairer tout le bâtiment (soit 28 mètres de profondeur).

Ce projet cherche donc à contribuer au développement urbain. En effet, il est pensé davantage comme un espace public que comme un équipement. Il est constitué de trois d’espaces : le parvis, les jardins suspendus et le cœur de l’architecture. Ces différents espaces ont pour objectifs de créer un espace communautaire partagé par tous, impactant également le quartier à une plus grande échelle que celle du bâtiment. La gare ne sera pas le seul programme de ce projet. Multiples programmes culturels tels que de la musique, danse, conférence prendront place en ce lieu.
Ainsi, ce projet s’intégrera dans un quartier en pleine transformation : art, culture, sport se mélangeront. En effet, à l’horizon 2024, Pleyel sera amenée à être la « gare olympique » dans le cadre de l’attribution de l’organisation des prochains Jeux-Olympiques. Conjugués à cette ambition liée à cet événement international, et moteur pour la restructuration du territoire de Plaine commune, la future gare se conjuguera avec un autre appel à projets : le concours Inventons la Métropole du Grand Paris.
Franchissement Pleyel, un pont liant deux parts du territoire
Articulé à la future gare multimodale, un franchissement monumental prendra place. Au cœur de ce projet innovant de franchissement, la Société du grand pari a réuni à la fois des architectes, des directeurs artistiques du Grand Paris Express, des experts dans le champ culturel et artistique, des représentants d’institutions culturelles, ainsi que des chercheurs en sciences sociales, des personnes du monde de l’entreprise, de l’innovation, du champ social, universitaire et académique…

Une gare comme lieu d’échanges, un pont comme lien annihilant les fractures géographiques du territoire : il s’agit d’une cohésion de projets de grande envergure. Cet ouvrage se traduira par un « pont habité » au-dessus d’une faille de 300 mètres de large de voie ferrée. Au-delà de permettre un passage entre le quartier Pleyel à la Plaine et de prolonger l’avenue François-Mitterand, ce pont rejoindra la future Gare Pleyel du Grand-Paris Express à la gare de la Plaine Stade de France (RER D). À défaut du projet de la gare, ce franchissement ambitieux se constituera en deux temps. Dans l’objectif des Jeux olympiques de 2024, le pont sera réservé aux circulations douces. Dans un second temps, l’ouvrage sera ouvert aux véhicules, après les Jeux.
Ce projet de franchissement est dépendant du projet de la gare. Dans les années 90, des architectes avaient déjà proposé une connexion entre Pleyel et plaine. Cependant, malgré la volonté politique forte du territoire de garder cet objectif comme projet majeur, il aura fallu l’intervention du Grand Paris Express. Accompagnée de sa gare Pleyel, cette intervention de l’état a été nécessaire pour que le projet du pont prenne de la consistance, « grâce » aux besoins d’aménagements indispensables à l’accueil des JO.
Ce projet cherche donc à contribuer au développement urbain. En effet, il est pensé davantage comme un espace public que comme un équipement. Il est constitué de trois d’espaces : le parvis, les jardins suspendus et le cœur de l’architecture. Ces différents espaces ont pour objectifs de créer un espace communautaire partagé par tous, impactant également le quartier à une plus grande échelle que celle du bâtiment. La gare ne sera pas le seul programme de ce projet. Multiples programmes culturels tels que de la musique, danse, conférence prendront place en ce lieu.
Ainsi, ce projet s’intégrera dans un quartier en pleine transformation : art, culture, sport se mélangeront. En effet, à l’horizon 2024, Pleyel sera amenée à être la « gare olympique » dans le cadre de l’attribution de l’organisation des prochains Jeux-Olympiques. Conjugués à cette ambition liée à cet événement international, et moteur pour la restructuration du territoire de Plaine commune, la future gare se conjuguera avec un autre appel à projets : le concours Inventons la Métropole du Grand Paris.
Nous sommes là face à des projets coûteux. Concernant le projet de franchissement, les financements sont en cours de bouclage pour la première phase de travaux (soit sans circulation automobile). Le montant est de 188 millions d’euros HT (et 222 millions d’euros HT pour les deux phases), financé par l’État, la Société du Grand Paris, Plaine commune, la Métropole, le Département et la ville de Saint-Denis. Le nombreux d’acteurs portants ce projet démontre bien l’ampleur et les différentes échelles de ces projets : du local (pont habité, gares, mobilité quotidienne, dynamisation du quartier) à l’échelle nationale (les JO).
Au-delà d’une simple gare comme lieux de croisement, et zone de commerces, la future Gare Pleyel s’oriente vers une réponse aux besoins du territoire comme équipement moteur du Grand Paris, mais aussi de son quartier à échelle locale. Couplé à cet autre projet ambitieux, et envisagé depuis déjà une vingtaine d’années, le Franchissement Pleyel constituera à ses côtés un projet urbain de grande ampleur, participant à l’effort de mutation de ces quartiers et de désenclavement, en utilisant en partie l’opportunité des JO 2024.
Sources
- https://www.societedugrandparis.fr/gpe/actualite/la-future-gare-saint-denis-pleyel-vue-par-son-architecte-765
- https://www.culture-grandparisexpress.fr/gare-de-saint-denis-pleyel
- Entretien avec Kengo Kuma, https://www.societedugrandparis.fr/gpe/actualite/la-future-gare-saint-denis-pleyel-vue-par-son-architecte-765
- http://www.leparisien.fr/info-paris-ile-de-france-oise/transports/grand-paris-le-chantier-de-la-gare-geante-de-saint-denis-pleyel-se-devoile-05-03-2019-8025384.php
- https://www.lejsd.com/content/un-pas-de-plus-pour-le-franchissement-urbain