Une cité à la mauvaise réputation
La Cité des 4000 ou 4000 logements, est un grand ensemble édifié dans les années 60 à La Courneuve, qui appartenait à Paris Habitat, l’office HLM de la ville de Paris et qui héberge des milliers de personnes immigrées que la capitale ne pouvait accueillir. Originellement, l’industrialisation de la construction ainsi que la mise en place de certains standards de logements, avaient fait baisser les coûts Cette baisse de prix a permis d’offrir une certaine qualité de vie grâce à des logements avec salle de bain privatives , ascenseur, vide-ordures etc. à des personnes vivant dans des logements sociaux, ce qui était, au début des années 60, uniquement réservé aux classes privilégiées.
Toutefois, dès l’installation des premiers habitants, certaines voix s’élevèrent et critiquèrent « les cages à lapins », d’autant plus que la Cité n’était pas entretenue car les résidents ayant des difficultés à payer leur loyers, cela a généré des difficultés financières pour Paris Habitat qui a alors délaissé l’entretien des 4000 qui devinrent insalubres.
C’est le meurtre de Toufik Ouanès en 1983 par un coup de fusil tiré depuis l’une des fenêtres des 4000 qui a enclenché la politique de destruction de la Cité. Les journaux accusent l’administration des grands ensembles des conditions de vie et drames qui s’y déroulaient En 1984 l’office HLM cède à La Courneuve la Cité et rapidement, la démolition des 4000 fut inscrite sur l’agenda politique.
En 1986 la barre Debussy implose grâce à 600 kgs d’explosifs puis en 2000 c’est la barre Renoir qui est détruite, suivie 2004 par les barres Ravel et Presov. Enfin en 2011 ce fut le tour de la Barre Balzac.
Les démolitions de la fin des années 80 et début des années 2000 sont suivies de la réhabilitation de certains immeubles et de la construction de nouveaux logements. La vie quotidienne est aussi prise en compte dans la réhabilitation du quartier notamment en instaurant des services publics, des équipements sportifs, culturels. Toutefois toutes ces promesses n’ont pas été exhaussées et malgré les rénovations, les 4000 sont toujours une zone à risqsue. En 2005, après le meurtre d’un autre enfant par deux balles perdues, Nicolas Sarkozy alors ministre de l’intérieur aurait dit « Dès demain, on va nettoyer au Karcher la cité des 4 000. On y mettra les effectifs nécessaires et le temps qu’il faudra, mais ça sera nettoyé », cette phrase qui a fait polémique aurait pu être annonciatrice d’une véritable réhabilitation de la Cité, toutefois ce ne fut pas le cas.
Aujourd’hui, la Cité des 4000 essaye malgré tout de renaître de ses cendres….
La pépinière des 4000
En 2005, une pépinière à entreprises est créée dans la Cité. Elle est gérée par la Maison de l’initiative économique locale de Plaine-Commune. L’objectif de la pépinière est que les personnes voulant monter leur entreprise puissent s’y installer et être aidées dans leur projet pendant six ans. Les entreprises font face à de nombreuses difficultés toutefois contre toute attente, les sociétés créées dans les zones « sensibles » sont très rentables et on un taux d’échec inférieur à la moyenne nationale.
A La Courneuve, depuis la création de la pépinière des 4000, 83 start-up y ont été accueillies et leur taux de survie y est très fort puisque plus de 90% existent encore et ont un bon chiffre d’affaires trois ans après leur création, c’est même supérieur au reste de la Seine-Saint-Denis où le taux de survie des sociétés est de 50%.
De plus, pour inciter les habitants à créer des sociétés aux 4000 ou dans d’autres zones sensibles se trouvant en Zone France Urbaine (SFU), des incitations fiscales ont été mises en place comme l’exonération de la taxe professionnelle et même des charges sociales patronales sous certaines conditions.
Au-delà de cette réussite économique, la Cité apparait également avoir un attrait touristique.
Le tourisme au service de la réputation de la Cité
Longtemps décriés, les grands ensembles intriguent, fascinent. C’est la raison pour laquelle des visites du quartier sont organisées afin de permettre aux visiteurs d’avoir un nouveau regard plus social, politique et historique sur les barres et tours de banlieues. Ces visites rassemblent des anciens habitants du quartier, des universitaires ou simplement des personnes curieuses de découvrir la cité autrement qu’à travers la vision des médias et ont l’air d’avoir du succès auprès des visiteurs qui notent de manière positive les deux sites qui proposent les visites.
La Cité des 4000 renait également grâce au numérique et Airbnb. En effet, les logements de la Cité mis en location sur Airbnb obtiennent une note moyenne de 4,86/5. Ce sont principalement des utilisateurs français qui viennent pour visiter la capitale et assister aux évènements du Parc des expositions et du Stade de France mais il y a également des étrangers qui louent un logement aux 4000 et qui en sont très satisfaits. Contrairement à ce que la réputation de la Cité pourrait laisser croire, les commentaires laissés sur le site sont très positifs « Sentiment d’être dans le vrai Paris », « quartier très calme », « on se croirait presque à la campagne, très arboré », « habitants bienveillants et serviables ». Il n’y a que deux commentaires sur les 286 laissés sur le site qui évoquent l’insécurité ressentie. Bien évidemment il n’y a pas autant d’utilisateurs qu’à Paris ou d’autres villes mais au regard de la réputation de la Cité, ce site a un véritable impact positif sur sa réputation.
La Cité des 4000 a encore du chemin à faire, toutefois elle semble vouloir se redresser et se réinventer.
Thelma ABI-KHALIL
Sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cité_des_4000
https://www.franceinter.fr/emissions/le-zoom-de-la-redaction/le-zoom-de-la-redaction-01-mars-2017
https://www.tourisme93.com/document.php?pagendx=918
Images :
-Flaneurz
-Ina.fr
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Le Cycle 2019 